Retour à "Formation"

L'offrande du Corps et du Sang du Christ

par Monseigneur Chevrot

 

Nos dons matériels sont le symbole de notre propre oblation et cette offrande de nous-mêmes sera agréée de Dieu, s'il trouve en nous une humilité véritable et un repentir sincère de nos fautes.

Il y a un échange véritable entre nos dons et le don que Jésus nous fait de son corps. Le corps et le sang du Christ, nourriture de notre âme, prennent pour véhicule le pain et le vin, gagnés par notre travail de tous les jours. Nous tromperons-nous en découvrant dans ce moyen sacramentel l'intention du Seigneur de rattacher la sainte Eucharistie aux plus humbles activités de notre vie ? La petite pièce que vous abandonnez au moment de l'offertoire est le fruit de votre travail, ou un léger prélèvement sur votre épargne, dont vous vous dessaisissez pour perpétuer sur la terre le sacrifice de Jésus-Christ En retour, Jésus va sanctifier votre besogne, car c'est votre vie quotidienne, votre vie encombrée d'occupations profanes, que son sacrifice entend transfigurer pour en faire une hostie de louange.

Que faites-vous donc pendant l'offertoire ? Premièrement, vous offrez au prêtre, le pain, le vin ou une monnaie d'échange, c'est-à-dire la matière du sacrifice, qui deviendra, après les paroles de la consécration prononcées par le prêtre, une " hostie immaculée ".

Que vaudrait toutefois votre présent s'il n'émanait pas d'un cœur aimant, d'une volonté, droite, d'une conscience qui n'est plus sans tache, mais qui répudie ses fautes ? C'est pourquoi, deuxièmement, pendant l'offertoire, vous ajoutez à votre offrande matérielle vos sentiments intimes, les dispositions de votre âme ; vous offrez, avec le don que vous faites, les donateurs que vous êtes, car ces dons vous représentent vous-même. Cette donation spirituelle, en même temps que l'autre, se perd après la consécration en une seule hostie, qui est le Christ.

Cependant vous offrirez Jésus-Christ dans une intention déterminée, à la louange de Dieu d'abord, puis pour votre salut, pour le bonheur de vos défunts, pour le bien de ceux que vous aimez. Aussi, troisièmement dès l'offertoire, vous formulez vos intentions pour le moment où le prêtre adressera à Dieu la grande prière sacrificielle. Et d'ailleurs vous les renouvellerez au cours du Canon.

Le temps de l'offertoire n'est pas un moment creux pendant la messe, un instant de répit qu'on occuperait à écouter une pièce d'orgue. Vous devez, au contraire, y être particulièrement actifs. On participe au saint sacrifice surtout par la communion, mais déjà par l'offertoire. Actualisez alors la sincérité et l'intensité de votre propre oblation. Pendant l'offertoire, chacun de nous doit s'offrir à Dieu sous le couvert du pain et du vin. " Ta cherchais, disait saint Augustin, ce que tu pourrais offrir pour toi : offre-toi. Qu'est-ce que le Seigneur réclame de toi, sinon toi-même ? "

L'illustre docteur saint Albert le Grand insiste, dans son Traité du Sacrifice de la Messe, sur le fait que l'oblation extérieure doit être le signe de notre offrande intérieure. Pendant l'offertoire, écrit-il, l'assemblée n'offre pas seulement des dons matériels : celui qui offre un présent s'offre en même temps au prêtre afin d'être lui-même offert à Dieu. Ces trois lignes définissent parfaitement la portée de l'offertoire.

Le célébrant a déjà rassemblé votre don matériel, vos dispositions vos intentions. Il manque à cette oblation vos efforts, vos peines, vos sacrifices. Présentez-les vite à l'autel. Lorsqu'il verse quelques gouttes d'eau dans le vin du calice, le prêtre unit vos sacrifices personnels au sacrifice du Christ, qui va être reproduit. De nos souffrances aucune n'est perdue, si nous les mêlons à la Passion de Notre-Seigneur. Tout seuls nous aurions bien sujet de gémir sur l'inanité de tant de nos efforts : " A quoi bon prendre tant de peine ? le mal qu'on se donne n'est qu'une goutte d'eau perdue dans l'immensité de la mer ! " Dieu merci, à chacune de nos messes, notre pauvre goutte d'eau, au lieu de se perdre dans l'océan, tombe dans le calice où elle s'unira au sang du Sauveur.

 

Monseigneur Chevrot
Notre Messe

 

 

Retour à "Formation"


© Association Ad Majorem Dei Gloriam (A.M.D.G) - Paris